Pas sommeil, l’expo qui fait danser !
- emilyreve
- 27 sept. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 oct. 2022
Se mouvoir seul ou au milieu des autres, comment le vivez-vous ? Un exutoire ou une façade ?
La danse est un mode de communication et d’expression. Selon moi, elle peut être une scène pour se donner à voir, soi, son corps, sa gestuelle, dans une forme d’apparat. Il s’agit alors d’une mécanique gestuelle.
La danse est aussi l’expression de son intériorité. On est alors davantage tourné vers soi et on extériorise ses émotions, à l’écoute de la musique et de son corps, en plein lâcher prise.
Peut-être existe-il aussi un entre-deux ? Une envie de se laisser chalouper sans frein, sans barrières mais finalement dans le contrôle, sous le regard d’autrui… Lâcher le mental et se mêler aux vibrations sonores pour ne faire qu’un avec la musique n’est pas toujours chose aisée. Et danser seul chez soi ? Les limites tombent-elles ?
La danse est un moment de réappropriation du corps. On se connecte à ses émotions pour les exprimer. Le corps est à la fois le messager et le message. Cette double dimension lui confère un pouvoir intense. Il transmet l’émotion à l’autre, danseur ou spectateur. Celle-ci traverse chaque pore de sa peau et il peut la vivre à son tour.
Comment se relier à soi ? Je ferme les yeux le plus souvent, oui, même en dansant. C’est, pour moi, le moyen le plus efficace pour me reconnecter avec moi-même. Je me tourne vers l’intérieur, et reliée à mon intériorité, à mes sensations, j’explore l’espace et le son en harmonie avec mes émotions.
Que donne à voir le danseur relié à son intériorité? Les mouvements, l’espace investi, les gestes, leurs directions, le regard, les contacts aux autres danseurs...parlent de soi. Engager son corps dans l’espace, c’est prendre de la place et l’assumer. Pouvoir se lâcher et donner à voir son corps en mouvement n’est pas chose facile pour tout le monde. Être connecté à soi, à son for intérieur, permet aussi de le communiquer et de le partager grâce à un dialogue dansé avec soi-même et les autres danseurs et spectateurs.
Danser c’est la vie, le mouvement est la vie. Faire passer son ressenti, ses émotions, sur la piste, dans l’air, à ses partenaires, c’est vivre et le partager avec les autres.
L’exposition « Pas sommeil », était visible au Musée des Beaux-Arts de Rennes, du 11 juin au 18 septembre 2022. Elle m’a emportée d’œuvre en œuvre dans le milieu de la nuit et ses fêtes. La fête est explorée au sens large du terme, autant les pistes du dancefloor que les kermesses de village. Cette expo éveille nos sens. Un panel de couleurs, de sons, de vidéos qui s’enrichissent les uns les autres.
Voici quelques œuvres qui m’ont particulièrement touchée.

Un air de fête, Davide Balula, 2004
Ce ballon retient le bras du tourne disque qui ne jouera jamais sa musique malgré le disque qui tourne sans fin. Cette œuvre souligne le côté éphémère des moments festifs.

The Dancer, Georgina Starr, 2015
Cette œuvre poétique est une danseuse retenue par un fil dont le reflet s’expose sur le mur et bouge suivant le souffle créé par le passage du spectateur. Un moment onirique suspendu dans le temps...
Ce placard transformé en mini boîte disco accueille un visiteur et l’invite à danser. La fête est-elle aussi agréable seul ? Danser en solo peut aussi être un défouloir. Se lâcherait-on plus facilement seul qu'en étant entouré ?
Voici un petit aperçu de ce qu'on y entend et voit.
Le spectateur est engagé par le corps dans cette expo. A plusieurs reprises nous pouvons fouler la piste. Je n'ai vu personne réellement participer aux propositions de danse lorsque je visitais. Moi-même j'étais sur la réserve. Peur du regarde de l'autre ? Justement, la danse s’est s’exposer aux autres. S’ouvrir de l’intérieur. La danse, celle qu’on vit, qui nous fait vibrer. C‘est un engagement de toute la personne. Observez une personne bouger, et vous en apprendrez un peu sur lui.
L'œuvre de Piotr Uklanski, Dancing Nazis , impressionnante par sa superficie et son sujet provocateur. Cette œuvre est composée d’un sol lumineux et d’une fresque d’acteurs ayant joué des rôles de nazis. L’association des deux interroge nécessairement. L’œuvre nous pose des questions : Peut-on s’amuser de tout ? Peut-on se travestir en tout pour faire la fête? Devient-on un autre quand on se déguise ?


L’œuvre la plus marquante pour moi fut une vidéo de l’opéra-ballet Les Indes galantes de 1735. Il est revisité en 2018 par Clément Cogitore et Bintou Dembélé avec un groupe de danseurs Hip Hop. La force de de cette vidéo est l’association de ce ballet envoûtant et l’investissement physique des danseurs. Les cultures s’entremêlent, respirent ensemble et donnent vie à une œuvre éblouissante ! C’était magnifique, émouvant.
Il existe plusieurs extraits disponibles sur Youtube, je vous conseille de fouiller pour regarder ces pépites…
Alors, éveillez vos sens, réveillez votre corps et dansez la vie!
Comments